Neige
Neige
Dans la buée opâle les pleurs se sont figées.
Myriades alourdies de pétales de nacre,
Qui lentement s'abîment en fleuve monotone,
Accumulant le flot parsemé d'edelweiss, sur un océan gris,
Où le sourire du ciel a perdu ses repères.
Et la plaine d'albâtre écoute le silence
Des vagues immobiles, sous la draperie fragile
De l'hermine brodée de perles cristallines
Des sueurs de la terre.
Chorale de fantômes aux mélodies étranges.
Echos des solitudes, la forêt de duvet
Calfeutre la gaîté entre ses cathédrales
De froidure muettes, gravement attentives
Aux notes détachées de quelque sonatine,
De l'artiste égaré, à la robe attristée,
A laquelle répondent les clarines lointaines,
Du village englouti sous l'écume glacée, déferlant des auvents.
Joyau de l'Argentière, le sarcophage de jade, voilé des nimbes diaphanes
Suspendues aux versants, d'une froide vapeur,
Jette ses reflets glauques
Au sein du diadème du cirque des géants,
Berceau de la colère des neiges prisonnières,
Menaçante banquise en amas qui s'effondre.
Dans le bouillonnement de tourbillons grondants,
La blancheur bondissante dévale les abrupts,
En un élan vengeur.