Nuages
Nuages
Les moutons floconneux de l'ouate vaporeuse
Sont dans l'écrin brillant, tel un clin d'oeil du ciel
Posé sur la prairie.
Tatouages d'albâtre, vaisseaux à la dérive
Sur les reflets étroits de l'infini
Qu'ils brisent, pour lui donner une âme.
Aux matins clairs ils flottent dans la blancheur bouclée,
Et narguent le soleil de mille autres lumières.
Puis veulent insatisfaits occuper tout l'espace,
En étouffer l'éclat dans leur épais manteau,
De grisaille soudaine, dont la nature triomphe
Sous un rideau de perles.
Voyageur séduisant du bord de l'infini,
Tu étires tes voiles tissés des fils d'argent
Du manteau de Cyrus.
Tu fardes ton visage en labourant l'azur
De tes stries pommelées, qui vont jusques au loin.
Puis en quelques instants le tourment t'envahit,
Tu roules tes volutes que les éclairs transpercent.
Ebènes enroulées, d'un embrasant fracas,
Que rejoignent les vagues, en écho déchaîné
Par l'éther qui te pousse, dans toute sa violence,
Te déforme, te façonne en un tableau mouvant,
Qui inquiète et séduit.
Rendu las de ta fuite vers d'autres paysages,
Soûl d'avoir bu le vent, tu t'évapores enfin,
Et nous laisse rêver.
Alors le ciel en feu consume ta dépouille,
Dans l'horizon sanglant du crépuscule qui sonne,
Quand le char vaporeux de la reine des ombres
Envahit ton royaume, de son halo blafard.
Tes visages admirés jusqu'à la dernière heure.